Une très belle critique pour l’album « Intégrale pour violon et piano de César Franck », parue dans l’Audiophile-magazine.
Voici quelques extraits :
« La violoniste bulgare Darina Maleeva est une éminente experte du répertoire. Elle est en outre titulaire d’un doctorat dont la thèse concerne César Franck.
Mais elle a surtout créé la première pièce de cet album, « Mélancolie », œuvre inédite du compositeur à l’époque.
Elle a aussi été à l’origine de la première intégrale de l’œuvre pour violon et piano de César Franck lors du festival Piano Roi de Brantôme en 2001.
C’est donc tout à fait normal de trouver ici une interprétation de qualité, habitée et respectueuse de l’œuvre.
« Mélancolie » ressemble par certains aspects à la sonate. Cette pièce abrite la même luminosité et ferveur d’un violon particulièrement émouvant.
Difficile de porter un jugement de valeur sur la sonate, tant la discographie est riche.
Mais cette version présente d’indéniables qualités, dont les principales me semblent ici la qualité de timbre de Darina Maleeva, avec ce vibrato bien dosé, assez large.
C’est aussi cette retenue de la part du pianiste, qui ne cherche pas à s’imposer, mais qui contribue à cette parfaite harmonie avec la violoniste.
Je conserve le souvenir très ému de l’interprétation de Maxime Vengerov avec Martha Argerich à Chantilly, madeleine musicale qui constitue pour moi un sommet de virtuosité dans cette œuvre. Mais parfois, en faire trop sur les passages plus calmes nous éloigne de l’émotion pure qu’est censée engendrer cette sonate.
Darina Maleeva ne s’inscrit pas vraiment dans un romantisme effréné, mais nous offre pourtant une interprétation vibrante et sensible. La réussite de cette sonate (comme bien d’autres d’ailleurs) dépend avant tout de la cohésion qui peut naître entre deux interprètes.
Il fallait aussi une partenaire aussi prestigieuse que Martha Argerich pour répondre au romantisme enflammé d’un Vengerov. Et, sur un tout autre plan, le jeu de Xavier Lecomte de la Bretonnerie sied parfaitement à celui de Darina Maleeva. Cette humilité envers l’œuvre me fait penser à l’excellente version du duo Ferras – Barbizet enregistrée pour Deutsche Grammophon, et bien que les tempi soient sensiblement différents et le vibrato plus resserré. Mais l’osmose qui naît entre les interprètes est tout simplement jubilatoire sur ces deux enregistrements.
Cet album se termine avec le Duo concertant sur des motifs de l’opéra comique « Gulistan » de Nicolas Dalayrac…
Peu de références discographiques sont disponibles pour juger objectivement de cette dernière prestation. Mais pour revenir à l’enregistrement de Dumay, la Bulgare nous livre ici un bel canto bien plus séduisant et chaleureux. Il y a davantage de force et de présence de la part du violon et du piano dont la densité tonale illustre bien la partie orchestrale. C’est une vraie réussite, ainsi qu’une dernière démonstration de la formidable complicité entre les deux artistes de ce duo.
Un excellent disque au final, et reconnaissons-le, une très belle sonate en la majeur ! »
Joël Chevassus, Audiophile-magazine, janvier 2024